jeudi 31 août 2017

Sans images (4) : Brèves de Comptoir (1) ...

...de banque !

Je viens à la banque pour chercher un nouveau chéquier.
Une chance !, il n'y a personne qui attend à l'Accueil qui les délivre.
Autre chance, il y a un "Accueil" : dans une autre banque que je fréquente aussi (ils n'aiment pas ça mais j'y ai travaillé !)il y a bien toujours un comptoir d'accueil face à l'entrée, mais il est vide et un panneau, écrit à la main, vous invite, "pour un meilleur service", à vous adresser au bureau d'en face, ou vous ferez la queue comme avant, le "meilleur" étant pour l'employé, qui autrefois était debout et pouvait vous sourire, et se trouve maintenant assis, ne quittant l'observation de son écran que pour vous demander de patienter encore un peu, si vous vous êtes avancé dès que l'"accueilli" précédent est sorti de son bureau.
Tic ! Tac ! Tic ! Tac ! En fait, comme ici, on va le voir, la configuration change peu de choses.
Tic !Tac ! Tic ! Tic Tac ! (vous l'aurez bientôt compris, c'est le temps qui s'écoule). Elle scrute elle aussi, son écran, arborant par ailleurs, au retour de ses vacances, le masque ridé de celle qui avait oublié son écran total). Tic !Tac! Tic ! Tac ! Je sors le chéquier que je viens renouveler, pour lui permettre de ne pas avoir à me le demander, Tic ! Tac ! Clic ! (et reclic !).

Une collègue vient lui demander un document et stationne à sa droite en attendant . Tic ! Tac !, sans quitter son écran des yeux elle tend la main gauche vers le premier tiroir à gauche et en sort habilement et sans quitter sa lecture, le document demandé, classé sous les trois dossiers du dessus du tiroir. Tic ! Tac ! Vlan ! et reclic ! Elle le fait passer dans sa main droite devant l'écran qu'elle a dû brièvement quitter des yeux, ce qui l'a aussi obligée à lâcher momentanément, la souris ! Tic ! Tac ! Tic ! Tac ! Cliiiic ! J'ai ouvert le chéquier pour ne pas la retarder en lui rendant la lecture de mon numéro de compte plus accessible . Je change aussi de pied d'appui . Tic ! Tac ! Tic ! Tac !

Cette fois c'est décidé : je me promets d'avoir détourné les yeux dès que j'aurai senti que la prise en compte de ma présence est imminente, afin de retarder à mon tour et pour une seconde (et Toc !) notre prise de contact. Tic ! Tact ! Tic ! Tac !

Tout à coup, le regard toujours rivé à l'informatique, je l'entends susurrer un timide "bonjour" qu'elle accompagne d'un énième Clic de souris (et peut-être, en pensée d'un "les emmerdeurs qui se présentent juste au moment où j'ai autre chose à faire" ; mais là il faut que je me calme !).

Comme je l'ai déjà dit, moi, "bonjour !", dès la ligne de confidentialité franchie, je ne réponds pas. Tic ! Tac ! Tic ! Tac ! Je me surprends alors à tromper mon ennui en détaillant quelques belles formules des affiches et dépliants publicitaires qui me tombent sous les yeux : il y est surtout question de me faire prendre conscience de la chance que j'ai de bénéficier des services de cette banque coopérative (1), alors que mes pieds se mettent à rythmer le Tic ! Tac ! de mon horloge interne.

Elle quitte à nouveau son écran des yeux pour se saisir d'une liasse de documents qu'elle semble devoir confronter aux affichages de l'ordinateur. Apparemment satisfaite de ses premières constatations elle tend alors sa main gauche vers le chéquier que j'ai posé sur le comptoir, mais comme elle le fait sans le regarder (lui non plus !) je me permets de le faire glisser doucement et malicieusement vers la droite ce qui l'oblige à me regarder et à me "créditer" d'un hypocrite et doucereux "Je suis à vous"( auquel un regard fatigué semble ajouter "mais ça me coûte !) 

Tiiic !!!! Ça y est ! je repars avec mon nouveau chéquier et me promets de vous faire partager cette minuscule et brève(quoique !) ...de comptoir.



(1)je viens en effet de recevoir l'avis de ne plus avoir à me déplacer pour venir chercher mes chéquiers à l'Agence, grâce à un envoi postal assuré directement par ma banque et qui ne me coûtera que le prix du timbre et d'une petite facturation pour service rendu.